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O FEMININ LE BLOG DEDIE AUX FEMMES !!!
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O FEMININ LE BLOG DEDIE AUX FEMMES !!!
31 mars 2007

Interviews de 2 femmes scientifiques

battanteLa battante : A bientôt 28 ans, la post-doctorante sénégalaise Khady Nani Dramé vient de remporter une bourse internationale. Elle va lui permettre de travailler sur un projet au Centre de recherche pour le riz (ADRAO) à Cotonou, au Bénin. Elle y restera deux ans. Entre deux grilles de mots fléchés et quelques pipettes de laboratoire, la jeune femme a pris le temps de répondre à nos questions.

Avez-vous toujours souhaité devenir scientifique ?
Enfant, je voulais être ambassadrice, mais mon père m’avait dit que ce n’était pas un métier en soi et que, quelle que soit la filière choisie, je pourrais le devenir un jour. L’espace d’une semaine (lors de la remise des prix à Paris NDLR), je me suis sentie "ambassadrice des femmes scientifiques du Sénégal".

Pourquoi vous êtes-vous dirigée vers la biotechnologie végétale ?
Parce qu’avec les plantes, on peut se nourrir, s’habiller, se soigner, se faire une beauté… La biotechnologie offre de nouvelles perspectives d’utilisation et d’exploitation de ces ressources.   

Depuis quelques semaines, vous travaillez à Cotonou sur le développement d’espèces de riz tolérantes à la sécheresse. Etait-ce une urgence à laquelle vous souhaitiez répondre ?
La zone de l’Afrique subsaharienne est régulièrement confrontée à des périodes de sécheresse qui réduisent à néant les efforts des agriculteurs, dont la plupart sont de pauvres paysans. L’urgence est de sélectionner des variétés qui peuvent survivre à ces conditions, que ce soit le riz, l’arachide, le mil, le niébé…

Quelles sont, d’après vous, les raisons pour lesquelles, en Afrique, les femmes ne représentent que 27 % de la population des chercheurs ?
De manière générale, en Afrique, on éduque les filles pour qu’elles deviennent de bonnes épouses et de bonnes mères, et les garçons pour qu’ils soient les "supports financiers". Pour être chercheur, il faut au moins avoir un doctorat, soit pas avant 27-30 ans. L’âge idéal de mariage et de procréation tournant autour des 19-24 ans, on est vite frappé par la limite d’âge.

Estimez-vous alors travailler dans un univers qui n’est pas forcément féminin ?
Je n’avais pas ressenti cela au cours de mes études. Mais dans le monde professionnel, je note une sous-représentation des femmes aux postes qualifiés de chercheur ou de directrice de programme. C'est certainement dû au fait qu’elles doivent être à la fois femmes, épouses et mères et concilier cela avec les exigences professionnelles.
    
Peut-on faire davantage pour encourager les jeunes filles à travailler dans ce domaine ?
Oui, bien sûr. En développant des programmes qui promeuvent les femmes dans les sciences, en leur montrant qu'il est possible d’exercer une profession dans ce domaine, et bien entendu, en leur offrant les conditions qui permettent de concilier vie de famille et vie professionnelle.

Peut-on garder et exprimer sa féminité lorsqu’on est scientifique ? 
L’image populaire veut que les femmes scientifiques soient mal habillées, cachées derrière des lunettes à double foyer... Mais la sensibilité féminine, le doigté font qu’on excelle parfois là où les hommes faillissent ! A mon avis, la féminité ne doit ni être mise en avant ni gommée.

L'image de vous que l'on perçoit qui vous amuse ? et celle qui vous énerve le plus ?
L’image que je suis une "grosse tête" me fait sourire et me met mal à l’aise. Ca sous-entend qu’on n’a pas d’autre vie que ses études, alors que moi, j’apprends tout en vivant comme n’importe quelle femme active de mon âge !

laglamourLa scientifique glamour : A elle seule, Corinne Sagary fait tomber tous les clichés qui peuvent circuler sur les femmes scientifiques. N’en déplaise aux mauvaises langues, elle prouve qu’on peut être à la fois belle et intelligente ! A 36 ans, cette géophysicienne n’a pas relégué au vestiaire ses goûts de fille et assume sa féminité.   

En quoi consiste votre travail ?
Je travaille pour la société CGG-Veritas, un groupe parapétrolier français. Je suis spécialisée en sismique marine, qui est la méthode d'imagerie du sous-sol la plus employée en exploration pétrolière. C'est comme plusieurs échographies pour voir grandir un bébé. 

Avez-vous toujours voulu travailler dans cette branche ?
Mon père, ingénieur, aimait m’expliquer comme une voiture roule, comment un train avance, comment le frigo fait du froid… Donc, je ne pouvais pas rester insouciante vis-à-vis des technologies qui m’entouraient. Au collège, j’avais plus de facilités pour les matières scientifiques, mais j’étais aussi très intéressée par l’art et la danse. Je souhaitais devenir styliste ! Mais, après le bac, j’ai voulu devenir ingénieur et me suis lancée dans des études scientifiques.   

Est-ce que votre entourage vous a encouragée dans ce choix ?
oui, rien que des encouragements. Mais de toutes manières, j’ai toujours été libre de choisir ma voie. De plus, mon compagnon exerce la même profession que moi et est donc à même de comprendre ce que je fais.   

Pensez-vous qu’il existe une forme de sexisme dans le monde scientifique ?
Peut-être sous une forme inconsciente, à cause des préjugés. Je pense avoir été victime parfois de machisme inconscient, le plus dangereux car discret et moins évident à cerner. Certains managers auront moins confiance en moi car je suis une femme, mais ils n'en auront pas conscience. De ce fait, à partir d’un certain niveau, la progression hiérarchique est freinée. Mais ce n’est pas le cas avec mon supérieur, qui est néerlandais. Je pense que les Français sont beaucoup plus machos… mais sans le dire. En revanche, je n’ai jamais souffert de remarques sexistes et mes interlocuteurs m’ont toujours écoutée.

Alors peut-on rester féminine tout en étant scientifique ?
Oui et j’espère que c’est mon cas. En mission, même sur des bateaux alors que je suis parfois la seule fille à bord, je continue à me maquiller et à lire mon ELLE. Les hommes se moquent un peu de moi et cela m’est complètement égal. Il est vrai qu’on peut vous reprocher d'être trop coquette, hommes et femmes confondus. Surtout dans le milieu technique et sur le terrain. Mais les jeunes femmes ingénieurs sont de plus en plus féminines, et de manière plus naturelle par rapport aux anciennes qui essayaient de gommer leur féminité.   

L'image de vous que l'on perçoit qui vous amuse ? et celle qui vous énerve le plus ?Certains m’imaginent un peu comme une star dans le monde du pétrole car on me dit plutôt mignonne et je suis au milieu d’hommes. Mais les scientifiques sont si peu artificiels et si passionnés qu’en fait ils ne me voient pas comme une femme mais comme une collègue ! En revanche, ce qui me dérange, c’est qu’on puisse penser que je ne suis pas ouverte à d’autres choses, comme la mode, l’art, et que forcément j’y connais rien !   

Pour finir, quels sont les plus et les moins de votre profession ?
J’apprécie la constante évolution technologique, les nombreuses missions à l’étranger et les missions en mer. Bref, il n’y a pas de routine. Et j’aime moins les possibilités d'expatriation dans les zones les moins glamour de la Planète : Houston, Lagos, Luanda…

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